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De jolis bébés, bienvenu dans notre famille!!!!

Pour une réglementation éthique de la GPA en France

Publié le 25 Mai 2017 par BioTexCom in GPA

 

On estime qu’environ 2  000 enfants issus de GPA à l’étranger vivraient en France.

La France doit prendre ses responsabilités afin d'éviter la marchandisation du corps des femmes et des enfants à l'étranger.

 

Emmanuel Macron a été élu sur un ambitieux projet de réformes économiques. Nous sommes nombreux à souhaiter qu’il fasse preuve du même courage en matière sociale, notamment en ce qui concerne le droit des couples de même sexe à fonder une famille.

 

La réforme de Christiane Taubira de 2013, autorisant le mariage et l’adoption pour tous, a été une étape symbolique importante. Malheureusement, en matière d’adoption, elle reste essentiellement symbolique car les enfants ne sont pratiquement jamais confiés à des couples homosexuels. La procréation médicalement assistée (PMA) et la gestion pour autrui (GPA) sont donc, de fait, les seuls moyens pour les couples de même sexe d’élever des enfants en France (les adoptions nationales et internationales leur étant de facto fermées). Candidat, Emmanuel Macron a annoncé sa volonté de légaliser la PMA et de maintenir l’interdiction de la GPA, tout en acceptant de régulariser les enfants nés de GPA à l’étranger. Il a été le seul candidat à faire preuve d’autant de progressisme social. Désormais élu, Emmanuel Macron doit aller plus loin et revenir sur sa promesse de ne pas autoriser la GPA en France, au nom du principe même que qu’il défend et qu’une majorité de Français défendent également: le principe selon lequel on ne peut faire de la gestation d’un enfant l’objet d’une transaction marchande. Cela peut paraître paradoxal, mais cela ne l’est pas.

 

Les opposants de la GPA en France sont nombreux et ils rassemblent, pour diverses raisons, des hommes et des femmes de tout le spectre politique, de l’extrême gauche à l’extrême droite, de la «Manif pour tous» au parti de la France insoumise. Ils sont également bien représentés dans la sphère intellectuelle, notamment par Sylviane Agacinski. Selon ses opposants, la GPA serait assimilable à une marchandisation du corps de la mère et de l’enfant. Elle obligerait la mère porteuse à «vivre séparée de sa famille, dans des endroits dotés de caméras de vidéosurveillance, [à] ne pas avoir des rapports sexuels, [et à] respecter un certain régime alimentaire». Si elles sont avérées, et je ne doute pas qu’elles le soient dans certains pays, ces pratiques sont naturellement abjectes et totalement inacceptables. Mais la GPA, ce n’est pas que cela et il est simplement malhonnête d’insinuer que le Royaume-Uni, le Canada ou les Pays-Bas, pays dans lesquels la GPA éthique est légale, consentent à de telles pratiques et cautionnent le retour de l’esclavagisme moderne. C’est bien mal connaître les valeurs humanistes de nos voisins et amis.

 

Qu’en est-il vraiment de la GPA éthique ? Si l’on prend, par exemple, le cas du Royaume-Uni, on s’aperçoit tout d’abord que, contrairement à une idée reçue, il n’y a pas de contrat entre la mère porteuse et les futurs parents. Dans un certain nombre de cas, la mère porteuse est d’ailleurs une sœur, une cousine ou une amie qui souhaite rendre service à ceux qu’elle aime. Dans tous les cas, c’est toujours la femme qui projette de porter l’enfant qui choisit les parents d’accueil. L’organisme en charge de «former» et d’encadrer les mères porteuses aussi bien que les parents d’accueil insiste sur l’importance de garder le contact avec la mère de gestation, et il n’est pas rare qu’elle soit également considérée par l’enfant comme un membre de la famille à part entière. La mère porteuse n’est pas payée mais elle est dédommagée pour ses frais et le soin qu’elle a pris du bébé à naître. On est donc très loin du cauchemar décrit par les opposants de la GPA.

 

Personne ne saurait contester, cependant, que la GPA pose un certain nombre de problèmes éthiques, y compris dans sa forme la plus acceptable. Trois questions méritent notamment d’être posées : celle de la «marchandisation» du corps humain, celle de la nature de la parenté, et celle de l’intérêt de l’enfant. Il est important et urgent de débattre de ces problèmes en France. A défaut d’autres solutions, les couples de même sexe se tournent – à leur corps défendant – vers les seules options qui leur sont actuellement ouvertes, y compris vers la GPA marchande. La GPA éthique, telle qu’elle se pratique au Royaume-Uni, n’est accessible qu’aux seuls citoyens du pays en question. Refuser tout débat et toute réglementation sur la GPA éthique oblige les couples à s’orienter vers des pays aux pratiques moins encadrées.

 

Les opposants de la GPA portent donc une lourde responsabilité dans les épreuves des mères porteuses qu’ils condamnent si bien. L’enfer est, comme le dit l’adage, pavé de bonnes intentions.

 

La France ne peut pas se cacher plus longtemps derrière ses bons sentiments. Il est temps qu’elle prenne ses responsabilités et qu’elle s’ouvre enfin à la réalité du monde.

 

http://mereporteuse.info/

 

Source : liberation.fr

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