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De jolis bébés, bienvenu dans notre famille!!!!

Stériles au deuxième enfant

Publié le 14 Décembre 2015 par BioTexCom

http://www.elle.fr/Societe/News/Steriles-au-deuxieme-enfant-3017977

Elles ont eu un premier enfant et au moment de faire le deuxième, elles n’y arrivent plus. Enquête sur cette « infertilité secondaire » qui touche de plus en plus de femmes.

Estelle avait 35 ans lorsque le ciel lui est tombé sur la tête. « J’avais une vie parfaite, se souvient-elle. un mari formidable, un petit garçon de 3 ans, un boulot que j’aimais, une bonne santé… Mais impossible de donner un frère ou une sœur à Marcel. » après un an d’essais infructueux, Estelle passe une batterie d’examens. Verdict ? Mauvais. Trois FIV plus tard, Estelle n’est toujours pas enceinte. « les médecins disent que je souffre d’ infertilité secondaire (dite IS) et qu’ils ne peuvent pas faire grand-chose », explique-t-elle. Estelle n’est pas un cas isolé. En dépit des miracles de la médecine, un nombre croissant de couples se cognent à une même réalité biologique : être incapable de lancer ou de mener à terme une deuxième grossesse.

« LA FERTILITÉ DÉPEND À 80 % DE L’ÂGE DES FEMMES »

Fertile un jour, pas fertile toujours. Combien de couples souffrent-ils d’IS ? Difficile de le savoir car les enquêtes s’intéressent davantage aux infertilités primaires (impossibilité de faire un premier bébé) et les personnes concernées se font discrètes. selon les estimations, il pourrait s’agir de près de 20 % des couples fréquentant les centres d’aide médicale à la procréation (AMP). Reste que le sentiment premier de tous ceux qui souffrent d’IS est le même : l’incompréhension. « pourquoi ne puis-je refaire ce que j’ai réussi une première fois ? » s’interroge Estelle. Gynécologue responsable du centre d’aide médicale à la procréation de l’hôpital Cochin, auteur de « Espoirs et limites de l’assistance médicale à la procréation » (éd. Odile Jacob), le professeur Jean-Philippe Wolf connaît bien ces cas d’IS.

« Aujourd’hui, on sait que la fertilité dépend à 80 % de l’âge des femmes, précise-t-il. À partir de 37 ans, la fertilité féminine chute rapidement. À 39-40 ans, on perd même 15 % de fertilité par mois. » Dans une société où les femmes font leurs enfants de plus en plus tard, cela compte. Dans les années 60, les Françaises avaient en moyenne leur premier enfant à 24 ans. Depuis 2010, c’est à 30 ans en moyenne qu’elles accouchent pour la première fois, et encore plus tard quand elles sont diplômées. Si on ajoute deux à trois ans de battement avant une seconde grossesse, elles atteignent vite les 37 ans critiques… « Autrefois, on disposait d’une quinzaine d’années pour faire ses enfants, constate Jean-Philippe Wolf. À présent, il ne reste plus que cinq ou six ans. Cela change tout. » Au risque d’assombrir le tableau, d’autres facteurs entrent en jeu. « Une première grossesse peut avoir des conséquences sur la fertilité, poursuit le spécialiste. Les césariennes peuvent causer des sténoses, les trompes peuvent être bouchées par un résidu placentaire. Quant aux hommes, on constate une baisse de la qualité du sperme et une augmentation de l’inflammation génitale à partir de 40 ans. Autant de raisons qui compliquent la venue d’un deuxième enfant. »

« POURQUOI LES AUTRES AURAIENT-ILS TOUS UN DEUXIÈME ENFANT ET PAS MOI ? »

Et cela, la société l’ignore dans un bel ensemble. « Dans les médias et dans les conversations, on ne parle que des couples ne parvenant pas à avoir un premier bébé, note Myriam, maman de Noé, 5 ans. Mais on oublie de parler de ceux qui, après une première grossesse normale, n’y arrivent pas. » Très vite, on s’interroge. Aurait-on égaré le mode d’emploi ? Que répondre aux demandes de l’entourage ? « Le pire, se remémore Agathe, 38 ans, c’est que tout le monde, des grands-parents aux amis en passant par le coiffeur, vous demande quand vous lancez le deuxième. Un jour, un chauffeur de taxi a même sous-entendu que laisser un enfant unique, c’était égoïste. J’ai fini par dire que j’étais devenue infertile pour qu’il se taise. » Autant de situations particulièrement blessantes… « Le deuxième enfant, c’est la norme en France, note Geneviève Delaisi de Parseval, psychanalyste et auteure de “Voyage au pays des infertiles. Neuf mois dans la vie d’une psy” (éd. Odile Jacob). On annonce aux femmes qui souffrent d’IS qu elles sont “trop vieilles“. Or, s’entendre dire que c’est trop tard, c’est faire le deuil d’une jeunesse biologique, indissociable d’une jeunesse globale. À 40 ans, les femmes d’aujourd’hui sont si en forme qu’elles semblent avoir dix ans de moins que leurs mères au même âge. Reste que du point de vue de la fertilité, elles ont bien 40 ans. »

Ce décalage entre âge ressenti et âge reproductif est de plus en plus marqué. Au-delà des évolutions biologiques, se pose la question de la négation de la souffrance. « C’est complexe, rapporte Naima, 38 ans, de souffrir d’IS et d’entendre “Tu devrais être heureuse d’en avoir un“, “Tu as de la chance, tu n’es pas sans enfant“… J’ai envie de hurler. Pourquoi les autres auraient-ils tous un deuxième enfant et pas moi ? » Un sentiment compréhensible dans un pays, la France, où la moyenne est à 2,01 enfants. Autre difficulté des femmes souffrant d’IS, leur rapport à leurs compagnons et à leur enfant aîné. « Je me sens coupable vis-à-vis de Blanche, 11 ans, qui rêvait d’être grande sœur, raconte Clémentine, 42 ans. Quant à mon mari, il se voyait en patriarche entouré de nombreux bambins. On s’est séparés et il a eu deux autres enfants avec sa nouvelle compagne. »

« NOUS AVONS ENVISAGÉ UN DON D’OVOCYTES »

Se faire aider ou s’y faire. Chaque année, des dizaines de milliers de couples français vivent cette situation. L’unique solution, c’est le recours au don d’ovocytes. « Cette technique règle le problème de l’âge, confirme Jean-Philippe Wolf. L’ovocyte d’une donneuse de 25 ans a toujours 25 ans, quel que soit l’âge de la receveuse. Autre piste, la congélation de ses propres ovocytes entre 25 et 30 ans, une option légale dans certains pays européens mais pas en France. » Avoir recours à l’ovocyte d’autrui n’est cependant pas neutre. « Ce bébé entraînera des questions à moyen et long termes, estime Geneviève Delaisi de Parseval. C’est souvent une génération plus tard que les questions prennent leur importance. “Y a-t-il des maladies chroniques dans la famille ?“, “ À quel âge votre mère a-t-elle été ménopausée ?“… Autant de questions en apparence anodines qui obligent à évoquer le mode de procréation. Si la décision initiale n’a pas été mûrement pesée et partagée, elle risque de se transformer en bombe à retard ment. » Certains couples souffrant d’IS choisissent de rester à trois, trouvant leur équilibre ainsi. « Le diagnostic d’IS m’a terriblement blessée, avoue Clara, 40 ans, maman de Louise, 7 ans. Nous avons envisagé un don d’ovocytes, mais nous n’en pouvions plus des traitements et des FIV. Quelques mois plus tard, notre couple a tangué. Aujourd’hui, je ne regrette rien. Je suis heureuse en tant qu’individu, femme et mère d’un enfant unique. Je ne voudrais pas mettre notre trio en péril pour la quête hypothétique d’un deuxième enfant. À ceux qui me posent la question, je réponds que je n’ai plus d’ovules. Ça clôt la discussion. » Dans une société où les femmes sont mères de plus en plus tard, l’infertilité secondaire semble vouée à se banaliser. Face à la multiplication de ces fertiles-infertiles, la société devra prendre en compte leur mal-être. Et peut-être envisager des mesures politiques pour que la maternité ne complique ni les études ni la carrière.

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