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De jolis bébés, bienvenu dans notre famille!!!!

Pourquoi la stérilisation volontaire reste tabou en France

Publié le 28 Septembre 2015 par BioTexCom

http://www.lesinrocks.com/2015/09/27/actualite/pourquoi-la-sterilisation-volontaire-reste-tabou-en-france-11777337/

Stérilet, pilule, préservatif, les méthodes contraceptives sont nombreuses. Pourtant, une seule est encore méconnue : la stérilisation. Légale depuis quatorze ans, cette pratique reste tabou en France. Pour les femmes, accéder à la contraception définitive relève du parcours du combattant.

“Vous allez le regretter”, “Allez voir un psy” ou encore “Vous êtes égoïstes” sont autant de réflexions entendues par certaines patientes désirant avoir recours à la stérilisation contraceptive. Souvent, elles finissent par essuyer un refus de la part de leur gynécologue. Quatorze ans après l’adoption de la loi Aubry (loi n°2001-588 du 4 juillet 2001, article 26), le projet de se faire stériliser reste tabou en France. Elle rend accessible la stérilisation à toute personne majeure, ayant “exprimé une volonté libre motivée et délibérée”, qui n’a pas été placée sous tutelle sans condition d’âge ou de nombre d’enfants. Après avoir été clairement informés des conséquences d’un tel acte, les patientes doivent respecter un délai de réflexion de quatre mois. Une méthode contraceptive reconnue par la loi. La société, elle est plus réticente.

Beaucoup de médecins refusent encore de pratiquer l’opération, même pour des patientes ayant déjà eu des enfants ou ayant subi plusieurs IVG. Cette méthode est pourtant la plus utilisée à travers le monde (19% des femmes auraient fait ce choix dans le monde. Elle ne concerne que 4% des françaises. En 2010, la Caisse d’allocation maladie décide de ne plus rembourser l’opération pour les femmes de moins de 40 ans. La Planning familial saisit la Haute Autorité de Lutte contre les discriminations et pour l’Egalité (Halde) et le Défenseur des droits. Le remboursement pour toutes sera rétabli deux ans après.

Un choix irréversible

Jugé trop radical, le choix de ces femmes interroge: pourquoi ne pas se contenter d’une pilule contraceptive ou du stérilet ? Par ras-le-bol, souvent. Certaines ne supportent plus les contraintes de ces méthodes, les conséquences sur le corps et la peur, omniprésente, de tomber enceinte malgré tout. D’autres savent depuis toujours qu’elles ne voudront jamais d’enfants et ne supportent pas l’idée que leur corps se transforme avec la grossesse. Toutes sont certaines de leur choix. “Les gens nous disent qu’on le regrettera car c’est définitif mais avoir un enfant aussi est une décision sur laquelle on ne peut pas revenir, pourtant personne ne remet jamais en question ce choix là.“, déplore Sophie, 28 ans, stérilisée l’année dernière. Dr. Pierre Panel pratique régulièrement ce type d’interventions au centre hospitalier de Versailles. Pour lui, le regret ne doit pas être un motif de refus. “A partir du moment où vous respectez le cadre légal et le délai de réflexion de 4 mois, le risque de regret est très faible“, assure-t-il.

Le tabou de la stérilisation féminine

Difficile pourtant pour ces femmes de franchir le pas. Elles devront d’abord, bien souvent, affronter le jugement de leurs proches, qui tentent de les raisonner face à ce choix définitif. Sophie a vécu une histoire difficile avec son ex-compagnon, “Avec sa mère surtout confie-t-elle. Au début c’était des réflexions plutôt gentilles du genre, ‘tu verras, t’es jeune, à ton âge je n’en voulais pas non plus’ puis petit à petit ça s’est transformé en ‘t’es immature, t’es égoïste’. Ça a fini par mettre une ambiance dégueulasse dans le couple…” Plus étonnant encore, même au sein du corps médical, la stérilisation des nullipares (femmes qui n’ont jamais eu d’enfants) reste tabou. Pour le Dr. Cédric Gabelle, gynécologue de l’agglomération grenobloise, la raison est simple: “Il y a, en France, une quantité largement suffisante de contraceptifs réversibles, qui peuvent permettre aux femmes de vivre leur vie sans avoir recours à une chirurgie définitive.” Bien que la loi de 2001 stipule qu’en cas de refus, le médecin doit orienter la patiente vers un autre praticien, beaucoup ne se donnent pas ce mal. Avant de voir sa demande acceptée, Sophie a dû contacter une vingtaine de médecins: “Ils m’ont tous envoyé chier. Certains m’ont dit que ce n’était pas d’un gynéco dont j’avais besoin mais d’un psy… “

Le soutien de la communauté childfree

Face aux réactions, parfois violentes, que suscitent leur choix, ces femmes trouvent des soutiens alternatifs. En ligne, le mouvementchildfree s’organise. Né aux États-Unis dans les années 1970, il regroupe des hommes et des femmes qui ne souhaitent pas avoir d’enfants et veulent faire valoir leur droit à ne pas enfanter. Un droit qu’ils estiment difficile à faire entendre. Se regrouper sur des forums ou sur Facebook permet alors de trouver des individus qui subissent, eux aussi, des pressions quotidiennes de la part de leur entourage.

Pour Béryl, qui souhaite se faire stériliser depuis deux ans, “[les childfree]vivent dans une société nataliste où tout est fait pour [les] décourager d’être infécond.” Sur les réseaux, on croise aussi bien des individus qui ne se réalisent pas à travers la parentalité que des militants plus extrêmes qui prônent une dénatalité radicale pour arriver à l’extinction de l’espèce humaine. De la même manière qu’il n’existe pas un parent type, il n’existe pas un seul profil de childfree.

Afin de prendre conscience de l’ampleur de la question, nous avons réalisé un webdocumentaire sur la stérilisation volontaire des femmes qui ne veulent pas être mères. “J’ai décidé d’être stérile” suit le parcours de trois d’entre elles pour comprendre ce qui fait que ce choix, aujourd’hui en France, reste un vrai tabou.

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